Une «quat-quat» accidentée… mais repeinte. Une cage de Sidi Bou Saïd cachée dans une salle obscure. Un pot de piments rouges dont on réalise, sidérés, que, oui ! Cela s’appelle bien piments du pays des esclaves—felfel bar laabid—et qu’il est urgent de lui trouver une autre appellation. Et puis une accumulation de pains secs, deux tombes jumelles illustrées d’un demi-ours en peluche….
Le moins que l’on puisse dire est que les méandres de la mémoire de Rafram Haddad, qui raconte sa vie et son passé en sons et en images, sont éclectiques, insolites, faits de raccourcis, d’associations d’idées, de bribes de souvenirs, de flashes et de fulgurances. Etrange, étrange personnage et attachante personne que Rafram Haddad.
Géant débonnaire et lunaire, le sourire jovial et l’œil qui frise à l’abri de ses lunettes, il ne parle qu’arabe et anglais—francophones purs et durs s’abstenir—Une vie cabossée, digne sujet d’un roman, un double amour et une vocation partagée entre l’art contemporain et la cuisine, tous deux couronnés du même succès—il suffit d’avoir été à sa table pour s’en rendre compte. Une curiosité insatiable et un amour indéfectible pour la Tunisie où il est né et qu’il a choisie pour y vivre après une longue quête de lui-même.
Et tant d’autres choses que son livre révèle ou suggère.
B7L9, la plateforme d’art contemporain de la Fondation Kamel Lazaar, lui rendait récemment hommage et accompagnait cet hommage-exposition-installation de l’édition d’un livre.